vendredi 19 mai 2017

10.PREMIERS SOUPÇONS

Si quelqu'un est en tort à mon égard, j'interviens contre lui et ses descendants, jusqu'à la troisième ou la quatrième génération.


L'existence de Monsieur et Madame Nüsslin s'écoulait paisiblement à Delémont dans le Jura, où Monsieur était l'heureux détenteur d'une fabrique de montres de réputation internationale, qu'il dirigeait d'une main de fer. 


rue de Bâle à Delémont

De son enfance dans le village de Trins dans le canton des Grisons, il avait gardé des habitudes d'extrême parcimonie. À la maison, il lésinait sur tout, le papier de toilette, le nombre de sucres par personne et par jour, l’argent du ménage chichement alloué à sa femme chaque matin. Pas un centime n’échappait à sa vigilance depuis la sortie du porte-monnaie jusqu’à ce que ledit sou soit transformé en petit pois, chaussettes ou journal. Le couple occupait un modeste appartement loué dans un immeuble de la ville. Après 10 ans d'attente, les espérances de maternité de Madame Nüsslin âgée de 34 ans furent comblées. Cette aristocrate reçut la nouvelle avec grâce.

La future venue d'un enfant inquiétait Monsieur Nüsslin. Pendant la grossesse, il dévisagea son épouse avec défiance  : 
– Pourvu que la maternité ne me la change pas. Il n'osait pas l'avouer, mais il pensait quand même :  combien cela va-t-il coûter ?  
Il accueillit cependant avec une certaine fierté dans leurs ternes existences un fils qu'ils nommèrent Bernard. 
Le garçon grandit dans cette atmosphère frugale mais n'en souffrit pas. Tout petit, il s'était habitué à tout calculer, c'était devenu une seconde nature. L'autre nature, la première ne se révéla que plus tard. 
Après avoir achevé avec succès ses années scolaires,  la première nature de Bernard  se manifesta : il réalisa que le carcan familial était bien trop étroit pour étancher sa soif de vivre. Quitter cette petite ville, ce modeste logement, cette existence étriquée, cesser de placer scrupuleusement ses pas dans ceux de ses parents devenaient une urgence inévitable.
– Plus tard, tu reprendras la fabrique, claironnait son père à longueur de journée.
Mais il n'avait rien à faire de ce morne destin et se hasarda d'en faire part à ses parents : 
– Je veux aller à Genève pour étudier à l'université.
– Tu veux QUOI ? Son père sursauta.
Bernard reprit son souffle, c'était dur, Bon Dieu que c'était dur d'affronter le paternel. Il répéta d'une voix forte :
– Étudier à l'université de Genève, faire mon droit. Il y a d'excellents professeurs. Après je deviendrai avocat.
– Avocat, Monsieur Nüsslin haussa les épaules et ajouta : ça va coûter cher.
L'esprit de Bernard avait été soigneusement programmé, il ne se perdrait pas dans le luxe et le gaspillage. Il s'était conduit en fils exemplaire, puis en étudiant assidu, toujours premier de sa classe, prompt à aider sa mère dans les tâches ménagères. Il n’y avait ni bonne ni femme de ménage pour entretenir leur foyer, une telle dépense n'était tout simplement pas envisageable. 
Finalement, les parents accédèrent à la demande de leur rejeton. Genève était une ville de perdition, mais l'université jouissait d'une excellente réputation, ce qui justifia leur décision. 
Ensuite, il redeviendrait raisonnable et rejoindrait l'entreprise familiale.
À 20 ans, Bernard était un jeune homme timide de taille moyenne, au visage fin, aux yeux rapprochés, qui effleuraient l'interlocuteur d'un regard froid, voire glacial. Sa bouche mince débitait ses propos d'une voix posée et monocorde. Impassible, réfléchi, dépourvu de spontanéité, il s'efforçait constamment de dissimuler d'éventuels troubles. Ses mains soignées ne s'agitaient jamais, mais reposaient sur ses genoux ou pendaient le long du corps. Il s'habillait avec soin, mais sans ostentation.
Il débarqua à Genève talonné par les affres du Suisse Allemand qui se perd chez les welches, loua une chambre, s’inscrivit à la faculté de droit et étudia avec zèle, s'affilia à une société d'étudiants, fit la connaissance de quelques jeunes filles qu'il fréquenta sans entrain. Fidèle à lui-même, il obtint la première place dans toutes les disciplines. Chaque week-end, il regagnait Delémont pour tenir compagnie à ses parents.

***

Cléo, campée dans sa nouvelle vie professionnelle endossait chaque jour la panoplie de la parfaite secrétaire. Vêtue d’une jupe et d’un chemisier, elle dactylographiait des rapports, allait quérir le courrier, classait les documents pour le directeur de la cinquième commission de l'ONU, bref s'ennuyait ferme.
Le soir,  elle retrouvait Yanosh, un jeune réfugié hongrois qui avait fui Budapest, où les chars russes avaient anéanti la cité quelques années auparavant. Son âme slave, mystérieuse et déroutante la séduisait. Ils partageaient les mêmes goûts pour le vin, la danse, la musique, et la fascination pour tout ce qui était défendu, illégal. Une nuit,  munis d'un pied de biche et de lampes torche, ils forcèrent dans un immense fou rire les portes d’un cellier de la ville et subtilisèrent plusieurs bouteilles d’un très vieux bourgogne qu’ils allèrent boire au bord du lac. Après avoir ingurgité tout ce vin, ils firent l’amour sur la pelouse. 
Ils se rencontrèrent plusieurs fois dans ce parc, à la nuit tombée. Mais, Yanosh, perturbé par le souvenir de la révolution, affichait des sentiments incompatibles avec une liaison durable, un jour, il était fou de Cléo, le lendemain la maudissait, refusait tout attachement. Lassée, par ces tergiversations, Cléo le quitta avec mélancolie. Il n’insista pas et ne manifesta que peu de regrets.
Bernard, après l'obtention  son diplôme, exerçait avec satisfaction le dur métier d'assistant à l'Université. Ce soir-là, il avait décidé de se rendre avec son ami Michel au bal de fin d’année des étudiants de droit, une manière agréable de passer le temps, de lier connaissance avec de jolies filles comme le claironnait son ami, l'oeil brillant.
Occupé à observer les couples qui virevoltaient en fumant une cigarette, il avisa une fille mince portant une robe grenat aux reflets argentés. Elle était tout à fait spéciale, alors que les autres, filles d'avocats, de banquiers affichaient des tons pastel, de petits chignons conformes à la bienséance, sa chevelure auburn, égayée de quelques mèches blondes cascadaient sur les épaules. Elle se mouvait gracieusement au son d'un rock endiablé. Au slow suivant, il s'enhardit à l’inviter. Elle accepta en souriant, séduite par ce jeune homme au regard froid et aux cheveux luisants. Cléo et Bernard dansèrent toute la soirée, puis il la ramena chez elle et ils prirent rendez-vous pour la semaine suivante. 
Bernard s'engagea sur le chemin escarpé du mâle amoureux. L'image de Cléo l'assiégea jour et nuit. Il en vint  à  négliger son travail, ses parents. Il délaissa le foyer parental pendant plusieurs mois, pas question d'abandonner un tel trésor tout un week-end. Il se surprenait même à s’asseoir sur un banc dans un parc,  fermer les yeux et évoquer Cléo, le coeur gonflé d'une douceur inhabituelle. La journée il attendait avec impatience l'heure du rendez-vous, l'âme regorgeant de questions sans réponses. Ses sentiments étaient-ils réciproques ? Il n'en savait rien, ce qui amplifiait les affres dans lesquelles il se débattait. Des je t'aime, ils en avaient échangé. Mais, Cléo était si fantasque, si capricieuse, tantôt elle se jetait à son cou, puis elle se montrait indifférente, repoussait ses invitations, refusait de le voir plusieurs jours de suite, ce qui ne faisait qu’attiser le feu qui rongeait Bernard.
Il téléphonait à sa bien-aimée une ou deux fois par semaine et l’invitait au restaurant, suivaient un concert ou parfois le théâtre ou le cinéma. Pendant les films, il lui tenait la main ou la posait sur sa cuisse. Cléo, absorbée par l'écran dédaignait ces démonstrations pourtant discrètes. 
Ils étaient assis sur un muret dominant le lac par une soirée estivale, alors qu’une fête réunissant une centaine d’étudiants se déroulait à l’intérieur d’une villa derrière eux. Cléo contemplait l'eau et la lune qui s'y reflétait, les petites vagues qui se brisaient sur la plage de cailloux. Des bribes de conservation leur parvenaient par les fenêtres ouvertes. Elle sentit dans son cou le souffle légèrement haletant de Bernard. Elle pensa – ça y est, il va me le demander . La voix du jeune homme s'étrangla :
– Ce serait bien si on se mariait. 
Oppressé, il guetta la réponse qui fusa :
– Marions-nous tout de suite, le mois prochain. 
– Si vite… mais pourquoi ?
– Parce que. Sinon… laisse tomber.
– Non, non tout de suite, d'accord. 
En le bousculant ainsi, elle espérait qu'il hésiterait et finirait par renoncer. C'était sa manière de se lancer un défi :  d'un côté le précipice du mariage, de l'autre celui d'une vie audacieuse, périlleuse, grouillante d'aventures. Elle ne demeura pas longtemps sur cette corde raide : Bernard s’empressa d’acquiescer et son sort fut scellé. Elle avait causé l'irrémédiable, l'irréparable, l'inconnu lui tendait les bras. L'idée de partager son quotidien avec Bernard lui inspirait une crainte immense. Elle avait décidé de se marier comme lorsque, enfant, elle s'était jetée d'un plongeoir haut de cinq mètres, terrifiée, mais attirée par le vide.
Le week-end suivant, Bernard retourna chez ses parents. Il poussa la porte du logement familial avec appréhension :
– Tiens, un revenant !
M. et Mme Nüsslin n'avaient pas vu leur fils depuis plusieurs mois.
– Qu'est-ce qui se passe ? 
– Je vais me marier...
Les parents accueillirent la nouvelle avec circonspection. Pas question de laisser leur fils s'embarquer dans une aventure matrimoniale sans avoir quelques garanties. Ils se méfiaient de cette Cléo qu'ils n'avaient pourtant jamais vue, mais elle n'avait pas de père, c'était un mauvais début. Sans un mâle à la maison, une fille ne pouvait que pousser de travers. Ils firent ce que tout bon Suisse fait dans ces cas-là : une enquête. 

Ainsi les parents de Bernard, prièrent leur ami policier de la Ville de se renseigner discrètement sur la famille de Cléo. La face cachée qu'Ernest d'Aubertin avait soigneusement dissimulée, fut dévoilée grâce à la police de Delémont.  Un secret,  si sordide, si méprisable qu'ils n'eurent plus qu'une idée : empêcher ce satané mariage.
Mais leur fils s'entêtait, malgré les explications du paternel. C'était tout simple, il n'y croyait pas, ce policier avait une dent contre les banquiers genevois, voilà tout. Amoureux, écartelé entre son amour et sa dévotion filiale, il tergiversait. Il se mit à suspecter Cléo, son attitude fantasque n'était probablement qu'une tentative de lui dissimuler un secret familial abject ? Peut-être qu’elle recherchait cyniquement un bon mari pour assurer son avenir. Qu'est-ce que c'était que cette famille d'Aubertin qui avait été mêlée à des activités douteuses pendant la guerre. Cléo l'avait informé que son père était mort dans un accident de montagne. C'est tout ce qu'il avait appris. Avait-il trempé dans de sales affaires ? Son amour vacillait, mais ne se décidait pas à s'éteindre.
De retour à Genève, il questionna durement son amie interloquée qui faillit tout envoyer promener. Décidément, le mariage n'était pas fait pour elle. Bernard, un peu radouci par ses grands yeux effrayés et interrogateurs, lui demanda avec douceur :
– Tu ne savais pas, dit-il à Cléo ?
– Mais savoir QUOI ?
– Aparemment c'était un drôle de personnage ton père. Il n'aimait pas trop les étrangers qui tentaient d'entrer en Suisse pour échapper aux nazis.
Peu de temps après la guerre de 39-45, des bruits couraient au sujet des camps de concentration dont on avait pu voir des images d'une atrocité insoutenable aux actualités du cinéma. Ce ne furent d'abord que des chuchotements terrifiés, suivis de cris d'horreur. Pour éviter la honte et la culpabilité, tous insinuèrent d'une  voix unie que le problème était celui des sales boches détestés par tous depuis qu'ils avaient perdu la guerre.
Bernard poursuivit :
– Tu sais, mon grand-père paternel était d'origine juive, alors mes parents sont très sensibles sur le sujet.
Il haussa les épaules :
– C'est des histoires tout ça. Je t'aime, n'en parlons plus.

La tête de Cléo  explosait sous un feu d'artifice de souvenirs d'enfance, de paroles chuchotées et entendues, dont elle n'avait pas saisi la signification à l'époque. Elle se remémora son père,  ce héros qu'elle avait adulé, adoré, sans vraiment le connaître. Elle revit ce jour où il avait déposé sur la table du salon, l'air triomphant de magnifiques toiles impressionnistes signées de noms connus  et l'évident malaise de sa mère. Décidément, un passé équivoque et douteux s'invitait dans sa jeune existence. La suspicion la défiait, mais au fond d'elle-même elle savait… 
– Papa qu'as-tu fait ? Questionna-t-elle le coeur battant, consternée.  Plus jamais elle ne pourrait se regarder dans un miroir avec plaisir. Elle n'y verrait que la fille d'un pleutre. 
Elle pensa à l'héritage qu'elle avait reçu le jour de ses vingt ans. L'énormité des chiffres lui revint en mémoire. Dans son enfance, son  père avait été un orphelin pauvre, il venait d'où tout cet argent ? 
Elle posa cependant des questions à sa mère qui balaya ses interrogations d'un revers de main :
 – Je me demande ce qu'ils peuvent bien inventer.  Ils, c'était M. et Mme Nüsslin. Elle les maudissait et les accusait de se mêler de ce qui ne les regardait pas.
Le week-end suivant, Bernard, retourna chez lui dans l'espoir de trouver un arrangement pacifique.  Mais ses parents, qu'il avait toujours aimés et respectés, s'étaient métamorphosés en étrangers qui se tenaient sur leur garde.
– Elle ne savait rien, je vous assure, implora Bernard. On ne peut pas faire payer à la fille les fautes du père.
– Si on peut, justement, c'est une question de dignité. Comment peux-tu la croire. Ma parole, tu es devenu aveugle.  
Incapables de le convaincre de renoncer à son projet,  ils lui expliquèrent avec sérieux qu'ils se désintéressaient d'une telle union et que, s'il persistait à sa mésallier de la sorte, ils se voyaient contraints de rompre les liens avec lui, définitivement. C'était douloureux, mais à l'idée d'accueillir cette fille dans leur famille, ils demeurèrent fermes. L’ultimatum tomba – c’est elle ou nous. 
Malgré tout ce qu’il avait entendu, l'amour, la compassion, l'attendrissement devant l'air désolé de Cléo pesaient plus lourd que le courroux parental. Bernard était bien décidé à se marier avec ou sans l'approbation de ses parents et ce fut sans. Il l'aimait tant. Elle avait soufflé dans sa vie le vent de la passion.
Cléo enferma son père et ses forfaitures dans le tiroir secret des choses dont on ne parle jamais,  l'enterrant pour la seconde fois et s'orienta vers le mariage.
Les semaines qui suivirent furent occupées par les préparatifs de la noce. Cléo s’en remit à sa mère pour tout. L'angoisse enflait. La pieuvre était là, tapie au fond du ventre. Elle tenta de partager cette peur avec sa mère : 
– C'est normal chérie, ça passera une fois mariée.
Maintenant qu'elle allait se ranger, Cléo nota qu'elle avait droit au chérie. 
Oppressée, elle se réfugiait dans son coin préféré au bord du lac où elle contemplait l'horizon, perdue dans ses interrogations. Parfois elle essayait de lire pour échapper à sa confusion, incapable d’envisager son mariage avec sérénité. L'évocation de son père, chargée de questions et de soupçons la hantait. 
Yanosh, aux dernières nouvelles, sortait avec la fille d’un pasteur, une grosse brune aux cheveux gras répondant au nom de Raymonde qui partageait ses journées entre les cours de rythmique et ses études de piano. Pour rien au monde Cléo ne l’aurait admis, mais elle était jalouse, non pas de Raymonde, mais d'avoir été si rapidement passée aux oubliettes.


Le jour J arriva. Cléo portait une longue robe blanche en soie sauvage et un voile. Elle se sentait affreusement mal et avait envie de vomir. Elle détestait l’air triomphant de Bernard, l’évident soulagement inscrit sur le visage de sa mère qui exprimait :
– Ouf, la voilà casée.
Qu’est-ce qu’elle était en train de faire dans cette tenue ridicule au milieu de tous ces personnages qui s’agitaient autour d’elle ? 
– Ce devrait être le plus beau jour de ma vie et je m'en fiche. 
La semaine précédente, elle avait quitté son travail pour se consacrer à sa future existence matrimoniale.
À ce stade elle fut tirée de ses divagations par le visage réjoui de Bernard. Elle se sentit coupable de ses pensées, lui sourit, lui prit la main. Une voiture les attendait pour les emmener dans une petite église de campagne. Hier ils s’étaient dit oui à la Mairie et son avenir était tracé, dorénavant elle menait la vie de Madame Nüsslin, plus celle de Cléo. Ils avaient accepté de se rendre à l'église pour faire plaisir à sa mère, parce que ni Bernard ni elle ne croyaient en Dieu, sur ce point au moins ils étaient d'accord. Tous deux apparurent sous le porche après la courte cérémonie. Une pluie de grains riz s'abattit sur eux. Cléo enclencha le pilote automatique, se contempla affable, embrassant des inconnus, transpirant dans sa belle robe blanche. La journée se poursuivit dans le flou le plus total. La voiture les ramena chez sa mère. Tout le monde se précipita pour lui baiser la main. Le vin et le champagne circulaient. Cléo but pas mal, mais elle ne s’écroula pas. Bernard dégoulinant dans son complet-veston joua sa partition de main de maître. Il conversait avec animation. On dirait une plaidoirie pensa Cléo. Est-ce qu'il s’entraîne, ou a-t-il peur comme moi ?


Finalement, les ombres commencèrent à s’étirer et les invités se dispersèrent, repus. Ils regagnèrent leurs demeures, légèrement grisés et se livrèrent à leur passe-temps favori – médire. Ils évaluèrent, comparèrent, jaugèrent soupesèrent, critiquèrent, pour être sûrs que c'était raté.  Ils énumérèrent le buffet trop pingre, le vin qui avait mauvais goût, Cléo qui buvait trop comme d’habitude, le mari qui s’était fait avoir, les beaux-parents absents – on savait bien pourquoi.   Ils en conclurent, comme à l'accoutumée, que les autres n’étaient pas à la hauteur, les autres étaient méprisables, ridicules, prétentieux, ouf.
Une chape de tristesse s'empara de Cléo dans la voiture qui les emmenait elle et son désormais mari vers le sud de la France pour un court voyage de noces. La nuit fut tendre, mais dépourvue de passion. Bernard avait l’air satisfait, mais tout de même un peu déçu.
Ils passèrent une semaine dans un hôtel, sur des chaises longues, à regarder la mer, à se promener main dans la main dans les rues d’Antibes. 




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