samedi 15 avril 2017

04. ENFANCE

Rien jamais n'abolit notre enfance
 (Simone de Beauvoir)


Cléo parcourut avec désolation l'âge de l'innocence, impatiente d'atteindre la sortie qui se nommait vingt ans. Mais l'horizon vingt ans demeurait éloigné et la traversée de ce désert d'enfance s'éternisait, émaillé de rares touches d'amour parental offertes au compte-gouttes, comme si l'avarice naturelle de la famille s'étendait aux sentiments et aux émotions. On calculait, et ne montrait pas trop d'affection, c'était une perte de temps, pleurait, mais avec discrétion si on avait du chagrin, embrassait sans effusion. Ainsi, la tendresse, de génération en génération, était-elle allouée avec parcimonie. On n'en voyait pas vraiment l'utilité.


La jeunesse des trois rejetons d'Aubertin s'écoula entre la vieille demeure du 18ème siècle en hiver et « la Tanière », charmant pavillon niché dans la campagne en été. Les parents employaient deux domestiques, on disait deux bonnes, une réservée aux bons soins de Constant, le frère débile, l'autre se consacrant aux nombreuses tâches ménagères. Les deux servantes partageaient une chambrette qui tenait plus du cagibi que de la chambre à coucher et dont la fenêtre s'ouvrait sur une cour où le soleil ne brillait jamais. Cléo détestait ces Suisses-Allemandes, bourrues et autoritaires qui parlaient français avec un fort accent germanique et se permettaient de lui donner des ordres. 

Lorsque les premières douceurs du printemps inondaient la cité, la tribu d'Aubertin migrait à La Tanière, une demeure érigée un parc aux arbres centenaires, construite au 19e siècle dans un style indéfini, qu'Ernest d'Aubertin avait acquise alors que l'Europe entrait en guerre. Un rosier généreux tapissait la façade et exhalait au mois de juin une senteur suave. À l’intérieur flottait une odeur de moisi, car la bâtisse était fermée durant tout l’hiver. Dès leur arrivée, Hélène d'Aubertin et les bonnes débarrassaient les fauteuils de leurs housses, poussaient les volets, le soleil et l'air pénétraient dans la maison. Les enfants pouvaient alors s’ébattre dans le jardin qui entourait l’habitation. 
Les portes du salon s'ouvraient sur une terrasse recouverte de gravier. À gauche se dressait un imposant tilleul où était suspendue une balançoire en bois sur laquelle Cléo, les mains accrochées aux montants qui la maintenaient à l'arbre, se laissait bercer, la joue appuyée sur le cordage, en contemplant, pensive, la prairie qui s'étalait devant elle. Des marguerites, des boutons d’or, des coquelicots et de quelques bleuets agrémentaient l'herbe verte. Des cerisiers et des pommiers élégamment dispersés fournissaient en été des fruits en abondance. À droite, un étroit chemin conduisait à une ferme dont les enfants n’osaient s’approcher à cause du chien, un molosse à l’air féroce qui aboyait à la vue des intrus. On ne fauchait pas avant le mois de septembre et les deux soeurs se promenaient avec délice parmi les graminées qui les cachaient aux yeux des adultes.
– Cléo, où es-tu ?
– Je suis là. Petite tête ébouriffée surgissait, un bouquet de fleurs dans une main et des cerises accrochées à ses oreilles en guise de pendentifs.

Durant l'après-midi, les bonnes mettaient de l'eau à chauffer au soleil dans trois grands baquets, et, le soir venu, les bambins barbotaient dans ces baignoires improvisées, en attendant la tombée de la nuit.

Lorsque les combats éclatèrent dans toute l’Europe, la famille  apeurée ferma l'hôtel particulier de la rue des Granges par crainte des bombardements et passa toute l'année à la campagne.



La voiture remisée dans un garage à cause du rationnement de l'essence, les parents circulèrent en bicyclette, leurs enfants solidement arrimés  sur le porte-bagages.

Le gouvernement suisse, afin de préserver ses citoyens d’une famine certaine, mit en oeuvre le plan Wahlen, spécifiant que tout terrain disponible – parcs publics, aires de jeux, jardins privés – devait être exclusivement réservé à des cultures vivrières. Grâce à ce programme, le peuple ne subit aucune restriction de fruits et légumes. Les habitants des autres pays européens en guerre ne bénéficièrent pas de cette chance, comme le firent habilement remarquer les dirigeants de la nation. 

Ainsi, un potager vit le jour à côté de la maison de campagne, dans lequel les deux bonnes s’affairaient, on y récoltait haricots, tomates, poireaux, choux et pommes de terre. 
Ernest et Hélène d'Aubertin et leurs voisins s'attardaient le soir autour d'une tasse de café de glands, dorénavant seul breuvage disponible, bavardaient durant des heures des combats qui faisaient rage au-delà des frontières,  oubliant Cléo et Sabine, recroquevillées dans un coin du salon, qui ne perdaient pas une miette des conversations. Des propos énigmatiques leur parvenaient alors qu'elle faisait semblant de jouer :
– Ces résistants, tous des communistes, on ne peut pas leur faire confiance.
– Que veux-tu maintenant les boches sont à Paris, alors !
– Où sont passés les Berstein de Paris ?
- La police les a arrêtés et personne n'a eu de leurs nouvelles
Suivait un murmure :
– Les Bernstein sont juifs...la phrase flottait dans l'air, escortée de  soupirs, de mines accablées.

Le matin, papa et maman discutaient avec gourmandise du  marché noir. A les entendre, Cléo imaginait les marchands vêtus de noir, les étals recouverts de tissus noirs offrant aux passants alléchés chocolat, beurre, jambon et surtout du café pour maman inconsolable sans sa potion magique matinale.

Ce n'était qu'élucubration infantile. Cléo ne fréquenta jamais le  marché noir  qui demeura une énigme. On se rendait quotidiennement à l’épicerie du village pour y acheter divers produits contre lesquels on remettait à l’épicière quelques pièces de monnaie et de petits coupons. 

Par un soir d'été étouffant, Ernest et Hélène, installés dans le salon faiblement éclairé par un lustre dont seule une ampoule était allumée, écoutaient attentivement la radio où une voix vociférait en allemand de longs discours. C'est alors que le gong de l’entrée retentit à plusieurs reprises. Effrayés, ils se levèrent d'un bond :  des intrus à cette heure tardive, problèmes en perspective ! Ernest entr'ouvrit la porte avec précaution. 
– Mon Dieu !
Cet athée répéta :
– Mon Dieu… Qu’est-ce que tu fais là Olga ?  
Hélène accourut aussitôt.  La soeur d’Ernest se tenait tremblante devant eux, les jambes couvertes de sang,  les vêtements déchirés, le regard hagard, visiblement épuisée. Attirés par les exclamations, les trois enfants déboulèrent de leurs chambres respectives.
– Allez-vous recoucher leur enjoignit Hélène. 
Constant disparut, mais Sabine et Cléo demeurèrent sur place et personne ne le remarqua.

Olga, épouse d'un français à l'air distingué, Roger Martin, vivait dans le 6e arrondissement de Paris. Elle passait ses journées dans des ateliers à peindre des toiles originales aux  couleurs sombres, exposées ensuite dans des galeries connues, s'habillait avec élégance et considérait avec dédain sa famille suisse, des provinciaux mal fagotés et qui parlaient trop lentement.

Mais pour l’heure, elle retraçait penaude  son périple d'une voix hésitante.

Embarquée à Paris dans un train qui l'avait déchargée à la ville française de Thonon au bord du lac, elle avait loué les services d’un passeur. Pour un prix fort, il l'escorta en barque jusqu'à la rive helvétique. Là elle tomba sur d'imposants fils de fer barbelés érigés par la prudente Helvétie. Dans la précipitation et la peur de se faire attraper, ses mollets et sa robe d'été fleurie en avaient pris un coup.  Un ami du passeur avait fourni une bicyclette avec laquelle elle avait pédalé jusque chez son frère.
– Enfin, te voilà. Ernest soupira l’air ravi. 
– Pourquoi t'es venue ? questionna la voix aiguë de Cléo.
Olga la fixa et murmura en fronçant les sourcils :
– Je suis venue pour voir mon frère. Elle s'agrippa à son bras, l’entraîna dans un coin du salon et chuchota :
– Est-ce qu’on pourrait passer à la banque ?
– Mais bien sûr, nous irons demain matin à la première heure.
Hélène tendit un verre à Olga :
– Tiens, tu dois avoir besoin d’un remontant.

Elle avala d’un trait, extirpa d'un grand sac qu'elle portait en bandoulière des liasses de dollars et des bijoux, sous les yeux écarquillés de Sabine et Cléo.
– à mettre en lieu sûr clama-t-elle avec autorité. Paris est occupé par les Allemands et Dieu sait ce qui va se passer. 
Les deux soeurs entendirent le clapotis de la douche et des chuchotements provenant de la pièce voisine jusque tard dans la nuit.

Le lendemain Ernest et Olga prirent le chemin de la banque à bicyclette, le sac, contenant tous les trésors, fixé sur le porte-bagages. Ils réapparurent vers midi essoufflés et souriants. Le soir même, Olga retourna en France où l'attendait avec inquiétude son mari. 
– Halt, la voix des soldats allemands jaillit de l'obscurité de cette nuit sans lune, alors qu'elle abordait la côte française, plusieurs fusils pointaient sur sa personne. Telle une criminelle, ils la conduisirent sans ménagement dans une prison à Lyon. Mais Roger était un époux plein de ressources. Après d'âpres tractations, elle fut libérée quelques semaines plus tard.
Les parents effacèrent Olga et ses démêlés avec l’occupant de la France de leur horizon – qu'est-ce qu'on y peut de toute façon. La famille, malgré la guerre, renoua avec son train-train quotidien.
Dans l'Europe exsangue, les armes finirent par se taire. Une bande de  dirigeants décatis signèrent le traité de Yalta. On pouvait respirer. 

La cadence hiver en ville, été aux champs poursuivit son cours. Hélène et Ernest troquèrent leurs bicyclettes contre deux voitures spacieuses.  Les affaires reprenaient, un avenir radieux s'annonçait, mais pas pour tout le monde.

Avec l'âge, le talon d'Achille de la famille, Constant, s'enlisait dans la débilité, fuguait régulièrement, s'agitait de plus en plus. Les filles, bonnes poires, essayèrent de cacher les fugues aux parents, lui couraient  après sur les chemins de campagne, et, hors d'haleine ramenaient l'attardé à la maison. En ville c'était pire. Les rues étaient encombrées de nombreuses voitures, il se perdait. Un jour c'est la police qui apparut en compagnie du frère. Les deux gabelous, attablés à la cuisine devant une tasse de café au lait lancèrent : 
 – Il faudrait le placer, qui sonna comme le glas aux oreilles des filles atterrées.  

Après bien des conciliabules chuchotés : Ernest soupirant, Hélène levant les bras au ciel, un geste inaccoutumé pour cette bourgeoise bon teint, ils prirent la décision fatale : placer Constant.
Le fils, au destin prestigieux de banquier ou d'avocat, n'était même pas capable de parler,  refusait d'apprendre à lire et à écrire, dès lors il n'avait plus sa place à la maison.

« Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place ». 
L'attardé mais néanmoins frère et compagnon de jeux était devenu un  risque inutile  à cause de son comportement imprévisible.   Les tableaux avaient leur place contre les murs, la vaisselle avait sa place sur la table de la salle à manger, de même que les livres dans la bibliothèque, les vêtements avaient leur place dans les armoires, les chaussures étaient rangées à leur place, Constant lui n’avait plus sa place. Les recherches pour dénicher une place pour le fils débile s’éternisèrent. Après plusieurs péripéties humiliantes, où Constant prétendument agité tâta de la camisole de force, et de l'asile psychiatrique, cette progéniture encombrante finalement trouva sa place.

Ses soeurs, consternées assistèrent au scénario, impuissantes.


Edgar et Edith Depoisier charriaient l'ennui d'un couple sans enfants dans leur villa accrochée sur les pentes du lac Léman entourée de quelques arpents de vigne. Pour l'atteindre, on empruntait une route escarpée depuis la ville de Vevey et la demeure surgissait au détour de la chaussée, une bâtisse du début du siècle en crépis jaune clair. Des grappes de glycines décoraient agréablement le perron. Depuis la porte d’entrée située sur l’arrière de l'habitation, on pénétrait dans un hall sombre qui conduisait à deux pièces, le salon et la salle à manger avec vue sur le Léman. La salle à manger abritait une table rectangulaire, un buffet 1900 et un canapé sur lequel Edgar Depoisier s'allongeait après le déjeuner. Des objets divers, photos et calendriers sans beauté réelle encombraient les étagères. Au mur, une pendule égrenait les quarts d’heure qui passaient. Dans le salon, un divan trônait dans un angle, accompagné de trois fauteuils dépareillés. Beaucoup plus tard, on y installa une télévision.

Edgar, un peu gras aux entournures, ne se débarrassait jamais de son sourire cajoleur, comme si la douceur du vin qu'il élaborait avec tendresse s'était étendue à tout son être. Chaque année, il transformait sa vigne en un délicieux nectar, qu’on dégustait avec recueillement le dimanche en famille. Tel Joséphine, il avait deux amours, son vignoble et sa femme Édith qu'il chérissait équanimement.  
Oncle Edgar et Tante Edith, comme la famille les appela désormais, procurèrent à Constant un vrai foyer chaleureux.

Chaque année au mois de septembre, la maison regorgeait de jeunes gens venus de France pour les vendanges et bourdonnait comme une ruche. Une fois les grappes de raisin cueillies, ils retournaient dans leur pays et la demeure, rendue à ses occupants retrouvait son calme jusqu’à l’année suivante. Edgar et Édith Depoisier ainsi que Baron le chien organisaient leur vie autour de Constant.  Avec eux, le débile mental, apprit le bonheur.   Il n’était plus la honte de la famille, celui dont on ne parle jamais, mais qu’on va quand même voir en secret pour atténuer sa propre culpabilité. Ces sentiments c'était bon pour ses soeurs et ses parents. Avec Edgar et Édith, un destin paisible lui tendait désormais les bras. Il s’apaisa, les accès de violences disparurent. Seul le retard mental demeura. Quelle importance, pour Constant, la vie dorénavant c'était le goût de la confiture au petit-déjeuner, les jeux avec Baron le chien, les promenades au village. 

Édith, chignon de cheveux blancs attachés sur la nuque, s’occupait du ménage, de la lessive ainsi que du jardin potager. Ses yeux gris-bleu se posaient avec douceur sur  les gens, les fleurs et les grappes de raisin. Prier, nettoyer et chanter, suffisait à sa béatitude. La mélodie des psaumes accompagnait les tâches ménagères.

Le dimanche, une chape de plomb s'emparait de Cléo et Sabine,  lorsqu'elles grimpaient dans la limousine familiale, direction Vevey pour la visite hebdomadaire à Constant.
– Dis bonjour à ton frère. 

Cléo, accueillie avec sévérité par ces paroles, s’en approchait résignée,  l’embrassait avec répugnance, il ne sentait décidément pas bon. Puis, les filles subissaient en bâillant le tour guidé du potager avant de s'installer autour de la table pour partager le déjeuner,  engloutir de nombreux verres de vin et déguster un dessert, la plupart du temps une savoureuse tarte au vin cuit, abondamment accompagnée de crème et de sucre. Après le repas, sieste obligatoire, tous s'allongeaient sur les fauteuils et sommeillaient, chose aisée pour les adultes, après tout l'alcool ingurgité.  Fâchées par ce repos imposé, les deux soeurs contemplaient le plafond, prises de fous rires chuchotés et attendaient que le temps passe. Une heure plus tard, c’était terminé. Ouf ! Suivaient une courte randonnée et le goûter — nouvelle tarte au vin et meringues à l'appui. Vers 17 h 30 l'heure du départ sonnait,  après un dernier baiser sans chaleur sur les joues de Tante Édith et Oncle Edgar, une accolade à Constant, tous grimpaient dans la voiture les bras chargés de fleurs et de légumes du jardin, direction Genève, par la route longeant le lac. 

Son frère banni,  sa soeur absorbée par ses études, Cléo, mélancolique, errait désoeuvrée dans un appartement désert. Sans les cris de Constant et les rires de Sabine, le silence s'était installé, troublé seulement par les jurons germaniques des bonnes et les bavardages de sa mère au téléphone.  Elle fréquentait dorénavant une école privée, plus à même de faire d'elle une jeune fille bien élevée que l'établissement scolaire  de campagne.

Chaque après-midi, après la classe, elle regagnait la luxueuse demeure de la vieille ville, grimpait quatre à quatre les marches des deux étages qui la séparaient du logement familial, sonnait fébrilement et la bonne ouvrait.
– Tu pourrais dire bonjour !
– Bonjour, aboyait la petite peste en traversant le couloir menant à sa chambre où elle jetait son cartable sur le lit et claquait la porte. 

Elle s’acquittait de ses tâches scolaires dans ce décor de rêve dont elle n'avait cure : toile de Jouy représentant des personnages de couleur rouge sur fond champêtre aux murs, à la fenêtre des rideaux oranges, légèrement transparents filtrant la lumière du jour. Un lit en acajou trônait agrémenté de coussins multicolores.  C'est là qu'elle accomplissait ses devoirs devant un élégant pupitre : la table de multiplication, suivie de la copie d'un texte littéraire. Elle y mettait toute l'application dont elle était capable, trempait la plume dans l'encrier, alignait les mots de sa plus belle écriture, sans rature et sans taches. Puis elle essuyait  le tout avec un papier buvard et refermait son cahier. Ensuite, il était temps de se mettre au tricot, une discipline aussi importante que la lecture ou les tables de multiplication. 

– Une femme ne peut se permettre de demeurer oisive, le tricot, ça occupe les mains, évite qu'on perde son temps, délit malheureusement trop répandu. 
Pas convaincue, Cléo tirait la langue, s’acharnait néanmoins sur son ouvrage.  Sa gaucherie, sa maladresse rendaient l'exercice laborieux. Assise sur son lit, le visage cramoisi, elle alignait chaque après-midi les mailles à l’endroit et les mailles à l’envers.  Le résultat de ce travail acharné : une longue écharpe, les élèves des degrés supérieurs confectionnaient des chaussettes, mais elle se bornait à tricoter une écharpe.

À la fin de l’année scolaire, les étoles colorées, fruits des efforts des fillettes furent exposés aux yeux admiratifs des parents. L’ouvrage de Mademoiselle d'Aubertin , enfoui sous les autres, ne provoqua aucun enthousiasme. Ses couleurs d'origine : le rose et le vert tendre disparaissaient sous une sorte de poussière, résultat de la transpiration et de sa saleté des doigts. Mais le pire c'était  la note 2 qui lui était attribuée (sur 6). Cléo, consternée, retenait difficilement ses larmes. Ernest rit de bon coeur, cette mésaventure l’amusait énormément. Il plaisanta sur le sujet avec ses amis pendant plusieurs semaines. Mais sa fille, honteuse et mortifiée, tapa des pieds, se mit à vociférer à l'adresse de son père en martelant sa manche de ses poings :
– Pourquoi tu ris, c'est pas drôle avant de s'enfermer dans les toilettes d'où sa mère l'extirpa avec difficulté. 
Les années s'écoulèrent, Cléo étudia les différentes matières, histoire, géographie, français et calcul avec facilité et abandonna le tricot. 
Elle avait découvert sa vocation : l'oisiveté!

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